Là où tout a commencé
Années 80, Thomson-CSF. Je démarrais en tant qu’Ingénieur d’Études. Autrement dit, ouvrier spécialisé dans la conception, la programmation, le test de systèmes industriels de type temps réel « dur ». Genre compter les millisecondes. C’était au CET « Centre Électronique de Toulouse ». Pas vraiment mes premiers pas en développement de systèmes. Le service militaire dans le cadre du « Défi pour la coupe de l’America » m’avait permis de programmer un simulateur de régates. Nous étions une équipe très restreinte. Pourtant, ce simu, développé sur station HP (Ah… HP-UX…) avait fait la couverture d’un numéro de « La Recherche ». Une consécration en quelque sorte. Probablement, cette première expérience aura été décisive dans l’obtention de ce poste chez Thomson-CSF.

Le temps de Twam
Passons sur la co-création de la société Oktal, qui existe toujours et qui doit son nom au fait que nous étions huit co-fondateurs. Ce fut surtout le temps de Twam, en 1990, une décennie de services et formations dans cette société que j’avais créée à Toulouse. Être entrepreneur est une marque de fabrique de la lignée Cros. Avec une année pivot : l’an 2000 et mon inoubliable formation à l’Extreme Programming avec les créateurs de ce mouvement, puis ma participation à un premier événement incroyable: XP 2000 en Sardaigne.

l’Agile est arrivé…
Depuis mes premiers accompagnements et formations fin 2000 jusqu’à aujourd’hui, deux belles décennies à pratiquer, transmettre, parler et écrire.
Avec – exceptées quelques missions – deux frustrations :
- Être « coach agile » (je n’apprécie pas spécialement cette appellation, nous sommes plutôt des mentors pour être efficace) c’est bien joli mais nous travaillons seuls (de moins en moins il est vrai) avec nos Clients. Envie de retrouver cette belle sensation : faire partie intégrante d’une équipe.
- De plus, la posture d’accompagnant ne permet pas toujours de mettre les mains dans le cambouis, dans le produit. Combien de fois aurais-je voulu m’asseoir et programmer avec l’équipe de Devs…
Et l’événement appelé « pandémie covid »
Cet événement planétaire aura été décisif pour moi. Activité très (très très…) réduite. Plus vraiment la gnaque pour remonter au créneau en tant qu’indép. Et ces frustrations qui reviennent, lancinantes. Du coup, la décision est prise fin 2021. Réintégrer une industrie et descendre vraiment dans les tranchées.
C’est un défi personnel. Passer de l’indépendance à l’interdépendance. Facile à dire. Mais je sais dès le départ que mon égo va devoir se bouger… Entre acceptation d’une réalité, humilité devant l’ampleur du sujet, effacement du « perso » devant l’importance du groupe… Bref, non plus simplement enseigner mais être Servant Leader.
La boucle est bouclée
Il me reste encore quelques années à bosser, du moins est-ce mon choix.
Ô surprise, un industriel m’embauche (Continental Automotive France) en tant que RTE (Release Train Engineer). Moi qui suis aficionado de SAFe ! Surprise au vu de mon age… Comme quoi, le pouvoir de l’Intention est bien réel.
Parfois du découragement… Prégnance du cycle en V, hérité d’un XXème siècle passé, management Top-down voire command and control…
Quand vous avez passé plus de vingt ans de votre vie à diffuser, pratiquer l’agile : feedback concret et rapide, amélioration continue, auto-gestion des équipes, « les individus et les interactions plus importants que les processus et les outils », la vue est difficile, un peu comme la pilule rouge dans Matrix.

Pourtant, je tiens bon 🙂 Entre la qualité des relations humaines dans ce contexte industriel, l’envie partagée de bien faire, quitte à s’accrocher à des principes obsolètes, la pugnacité de tous, le produit lui-même synonyme de progrès technique… Voila de quoi être motivé, recueilli, attentif.

Ainsi la boucle est bouclée. J’aurai traversé la rue, en l’occurrence l’avenue Eisenhower à Toulouse, pour finir ainsi mon parcours professionnel, presque là où tout a commencé.
Sensation d’accomplissement.