Bon anniversaire Manifeste agile !

Ce document « historique » – le Manifeste agile – aura constitué une véritable rupture dans le domaine du logiciel, mais pas que…

Son histoire, rédigée par Jim Highsmith, nous en dit un peu plus sur le contexte de son élaboration. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

Ce document est constitué de valeurs et principes, pas de pratiques. Quoi que… Fortement inspiré par l’Extreme Programming, ce qui était « pratique » devient « principe » (par exemple rythme soutenable, versions fréquentes – small releases…).

Valeur, principes

Le degré d’universalité et d’intemporalité caractérise la différence entre principes et pratiques. Le stand-up meeting par exemple suppose un contexte particulier : colocalisation et donc même fuseau horaire, langue partagée entr’autres. Que faire si ces conditions ne sont pas remplies ? Les valeurs et principes nous guident dans l’adaptation nécessaire de la pratique. Ce qui me permet de rappeler ce mot « magique » que j’utilise souvent en intervention : PERLP.

Pratiquer en respectant les principes

Autrement dit, ces valeurs et principes me semblent toujours d’actualité, même si une évolution de « logiciel » à « système complexe » parait judicieuse désormais.

Et maintenant… ?

Aujourd »hui, la double filiation de l’agile : Lean Development et Scrum me semble être à l’origine de la scission qui existe entre – par exemple – pros et cons / SAFe. Comme si l’origine historique Lean Dev, XP se souvenait du premier principe agile (qui existe quasi tel que dans le Lean) alors que la scrum-mania aura retenu surtout la première valeur.

Mais, peu importe… Il y a vingt ans, je recevais des « impossible ! » ou « c’est inutile » lorsque je présentais l’itératif XP ou (pire !) le Test Driven Development. Si cette remarquable déclinaison du principe de qualité intrinsèque du Lean (certainement l’un des apports majeurs d’XP) n’est pas encore passé dans les mœurs, il reste que bon nombre de pratiques historiques sont désormais devenues « standard de fait » : le cérémonial Scrum, les user stories et tests d’acceptation d’XP…

Demain…

Plus profondément, c’est ce principe non-dit de « réalité » qui fait aussi, à mon sens, le modernisme et le succès de l’agile.

Oui, le développement de systèmes est complexe,
oui, ce sont bien des humains qui sont à la manœuvre,
oui, il faut vivre avec des incertitudes,
oui, mieux vaut s’adapter

Si ça se trouve, l’agile, après avoir été révolutionnaire et en ces temps de révolution vers plus de contrôle et de censure, va devenir… contre-révolutionnaire, tant l’autonomie et la liberté de pensée deviennent de plus en plus suspectes !

En guise de conclusion, j’avais été étonné car l’introspection induite par une pratique effective de l’agile m’est apparue nécessaire tout autant qu’imprévue. En ces temps tumultueux, nous pourrions nous demander quelles sont les valeurs agissantes, sous-jacentes, à l’œuvre aujourd’hui.
Et sont-elles conformes à celles du Manifeste agile ?