J’ai été frappé, tout au long de ces 20 ans de pratique agile, par ce « principe de réalité », non-dit mais tellement prégnant dans ces approches dites « agiles ». La pratique emblématique associée à ce principe silencieux étant le tableau (généralement de type Kanban) qui se veut un reflet fidèle… de la réalité de l’équipe.
Cela pose la question de la définition des colonnes. Avec le cas typique de la « Definition of Done » de Scrum. Un item dans la colonne « fini » est-il vraiment fini ? Et dans quel état ? Cela dépend du professionnalisme des Développeurs. Pour le dire autrement, cela dépend des connaissances.
En écrivant ces lignes, j’en viens à une interrogation dérangeante : la vérité est-elle une valeur universelle ? Ma culture tout autant chrétienne que toltèque érige effectivement la vérité au rang de valeur régalienne. Sans être dans un paroxysme « kantien », le mensonge est inconfortable. Et croire que ce constat est universel devient de l’égocentrisme, semble-t-il.
Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
Jean 8:32
Disons tout de suite qu’il s’agit de tendre asymptotiquement vers la vérité. De constater des erreurs de perception. D’où la nécessité impérieuse d’améliorer continuellement sa représentation de la réalité, de la vérité, pour la rendre plus fidèle.
Je suis frappé par des réflexions récurrentes de certains « chiens de garde », en réponse à des rappels de faits du style
– Et les masques, c’était quand même un mensonge… ?
– Mais c’est de l’histoire ancienne.
Quelles leçons apprises ? Comment faire confiance (par exemple concernant les « vaccins ») sans reconnaissance ni action de correction ?
Comment voulez-vous agir sur ce qui se passe vraiment si la vérité est mise sous le boisseau ? Quel diagnostic et donc thérapie élaborer si les symptômes sont niés ? Que dire de ces comportements, cultures, qui autorisent le mensonge ?

Je parle au final de confrontation. Se confronter à la réalité des faits, confronter notre compréhension à celle de l’Autre… C’est la discipline agile, terme qui me tient à cœur, telle que je l’ai apprise en 2000. Discipline au sens contraignant du terme pour être clair. Et discipline au sens « disciple », disciple de la vie de l’équipe, du produit, au-delà de la nation.
C’est au prix de cette confrontation à la vérité que nous sommes alors affranchis, c’est-à-dire libres. La vérité devient alors une amie, la confrontation une modalité de bienveillance.